8 mars: Journée internationale des droits des femmes

Nous sommes au 21ème siècle, en 2018, pinçons-nous pour nous assurer que c’est bien la réalité… Malheureusement l’égalité ne progresse pas; dans certaines domaines, elle stagne, voire recule.

Les femmes restent sous-représentées à tous les échelons des institutions politiques. Il en est de même dans l’enseignement supérieur, les fonctions dirigeantes des administrations et des entreprises.

Certains se demandent encore si les choses changeraient vraiment si plus de femmes étaient élues dans les instances politiques.

La réponse est tombée la semaine dernière, pour les sceptiques : le très modeste projet d’analyse obligatoire des salaires dans les grandes entreprises a été renvoyé en commission par les sénateurs conservateurs, tous des hommes ! S’il ressort un jour de commission, il y a fort à parier que cette mesure sera tellement édulcorée qu’elle n’aura plus aucune utilité.

Pendant que les sénateurs s’amusent, les femmes attendent.

Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, je fais miens les courageux combats menés par les mouvements féministes, pour qui le 8 mars ne représente pas, comme on le dit parfois abusivement « la journée des femmes », mais bien une journée de lutte pour les droits des femmes.

Vous pourrez me retrouver lors des différents événements organisés au cours de cette journée et, le 7 mars, au rassemblement « Changeons notre vision, changeons nos institutions ».

Pour une Genève plus verte, plus inclusive et plus égalitaire

Ma candidature au Conseil d’État est un aboutissement logique et sincère d’événements et d’engagements qui se sont succédé dans mon parcours de vie. Actuellement conseillère municipale, présidente des Verts – Ville de Genève, je suis engagée en politique de longue date. Femme de terrain à travers de multiples implications citoyennes et associatives, je me considère comme un relais des préoccupations concrètes de ces associations. C’est ainsi que je suis notamment présidente de la Fédération Genevoise des Associations de Personnes Handicapées et de leurs proches, membre du comité de Solidarité Tattes et de nombreuses associations écologistes et solidaires. Diplômée en relations internationales et titulaire d’un Master en Droit, j’occupe depuis plus de 15 ans un poste d’enseignante au département de l’instruction publique. Née en 1975, mère de trois enfants dont l’un est autiste, je mène avec détermination, en parallèle de ma vie de famille, une carrière diversifiée et centrée sur les thématiques sociales et écologiques. Forte de ces compétences et connaissances, mes combats ont toujours été en faveur de l’égalité et de l’inclusion, que cela soit pour les femmes, les personnes en situation de handicap, les familles, ou le respect des différents modes de vie. Avec mon profil associatif, en provenance directe de la société civile, je souhaite faire de la politique autrement, en tenant compte des réelles préoccupations de la population.
Il faut aider la classe moyenne via l’introduction d’un salaire minimum ou faire en sorte que les primes d’assurance-maladie soient plafonnées à 10 % du revenu du ménage. Les familles monoparentales sont directement concernées.
En matière d’égalité femmes-hommes, l’enjeu de la représentativité en politique et de l’égalité salariale, via une meilleure application de la loi et un contrôle, sont aussi une de mes priorités.
Concernant l’école inclusive, il faudrait réallouer des ressources afin que tous les enfants et jeunes à besoins spécifiques ou en situation de handicap puissent accéder à l’école de leur quartier. Par ailleurs, notre Genève a besoin d’une véritable politique transversale du handicap car les enjeux sont colossaux (15-20% population).
Enfin, la loi sur la Mobilité douce (IN 144, votée par le peuple) doit devenir une priorité en matière de mobilité. Il en va de notre santé, de notre environnement et de notre qualité de vie.

La liberté d’importuner?

Dans une tribune publiée par le journal français Le Monde, le 9 janvier 2018, Sarah Chiche, psychologue, psychanalyste et écrivaine, – en compagnie d’une centaine d’autres personnes dont la très respectable Catherine Deneuve, que l’on avait connue mieux inspirée – revendique pour les hommes «la liberté d’importuner les femmes, indispensable à la liberté sexuelle».
Après m’être pincée pour m’assurer d’avoir bien lu, je reste bouche bée devant de tels propos banalisant scandaleusement les agressions sexuelles dont sont quotidiennement victimes des millions de femmes à travers le monde. Que penser de ce texte, est-ce une maladresse? Une volonté de contrer les féministes? Une bêtise crasse? Ne connaissant pas personnellement les signataires, rien ne me permet de trancher entre ces options, mais juste de m’insurger à mon tour contre le mal que fait cette tribune d’intellectuel-le-s à toutes les femmes qui souffrent en silence et à toutes celles qui ont enfin commencé à parler grâce à ce formidable mouvement de libération de la parole initié par la terrible affaire Weinstein.
Aux signataires de cette tribune, je souhaite dire: «Non, vous n’arriverez pas à diviser les femmes par de tels propos; un mouvement inédit est en marche et il ne s’arrêtera pas!» Je continuerai pour ma part à encourager les femmes qui subissent le harcèlement sexuel à le dénoncer et je serai toujours à leurs côtés. Importuner ne sera jamais synonyme de séduire.
Marjorie de Chastonay, candidate au Conseil d’Etat et Président des Verts Ville de Genève Genève, 11 janvier

26 députées sur 100. Cherchez l’erreur!

Un chiffre: 26, c’est le nombre de femmes élues au Grand Conseil genevois en 2013, soit à peine plus du quart de notre parlement. Moins encore qu’en 2005 où elles n’étaient déjà que 31. À titre de comparaison, la Suède frise la parité avec ses 43,6% de femmes élues, sans parler du Rwanda où plus de 60% de femmes occupent le parlement (Source: Union interparlementaire www.ipu.org). Cherchez l’erreur!

Moins nombreuses que les hommes sur les listes, les femmes restent désespérément sous-représentées dans les élections genevoises. Il convient alors de modifier cette situation et les partis ont un rôle fondamental à jouer. Parmi les étapes obligées pour améliorer ce score déplorable, la composition des listes est déterminante.

À moins de six mois des élections cantonales, alors que les partis politiques du bout du lac se mettent en ordre de marche pour renouveler les autorités législatives et exécutives, le signal est mauvais. Sur les listes du PLR et du PDC, les femmes représentent moins d’un tiers des candidat-e-s. Que dire de l’UDC où elles sont moins de 20%! Quel manque d’ambition et de représentativité!

Chez les Verts où la parité est statutaire, la question ne se pose même plus, la liste proposée comprend autant d’hommes que de femmes. Gageons que si tous les partis suivaient cette démarche et offraient à l’électorat des listes comportant autant de femmes que d’hommes, on tendrait vers plus d’égalité.

Et si cela ne suffit pas, il conviendra de réfléchir à modifier notre Constitution en instaurant une représentation proportionnelle et paritaire. L’électorat serait ainsi appelé à élire 50 femmes et 50 hommes pour le Grand Conseil.

L’égalité entre femmes et hommes n’est pas acquise dans de nombreux domaines et le monde politique n’échappe pas à la règle. C’est dès l’enfance que tout semble se jouer; aux garçons tout est possible en matière d’orientation, alors que les filles font encore face à un choix limité. Comment se projeter lorsque l’on est une petite fille et que tous les postes clés sont occupés par des hommes?

Si l’on veut éviter des mesures contraignantes, il serait donc temps qu’en avril et en mai 2018, les élections cantonales offrent au Grand Conseil et au Conseil d’État davantage de place aux femmes. Et si les partis ne sont pas capables de le faire encore cette fois-ci, ce sera aux électeurs et aux électrices de corriger le tir en votant massivement pour des femmes!

Texte paru dans la rubrique « Face à Face » de la Tribune de Genève, 23.11.17

Le risque est grand que ce procès ne soit ni celui de l’école, ni celui du potentiel abuseur, mais bien celui des femmes

Je suis encore abasourdie à la lecture des propos du Directeur du Collège de Saussure, aujourd’hui à la retraite, relatés par la Tribune de Genève. « Nous en avions entendu parler, mais la jeune fille n’avait pas dénoncé les faits donc nous n’avons pas ouvert de procédure ».
Sans doute faudrait-il rappeler à ce Monsieur que certains faits se dénoncent d’office et qu’au moindre doute, il aurait, pour le moins, dû alerter sa hiérarchie.
Ainsi que nous l’apprenons, plusieurs jeunes femmes auraient succombé au charme de leur enseignant et auraient ensuite subi des assauts malsains et violents. Elles ont vécu cette situation dans leur chair murées dans le silence et l’école a failli à sa tache car elle avait eu vent des faits.
Aujourd’hui Tarik Ramadan, dont la présomption d’innocence n’est pas attaquée, nie les faits et constitue non pas sa défense, puisque les faits sont prescrits, mais bien son attaque, avec deux ténors du Barreau genevois dont l’un est connu pour ses déclarations méprisantes réitérées à l’égard des femmes.
De victimes, ces jeunes femmes risquent de se trouver accusées et acculées à décrire ce qu’elles ont enfoui durant tant d’années. Le risque est grand que ce procès ne soit ni celui de l’école, ni celui du potentiel abuseur, mais bien celui des femmes.
On se prend à rêver, que ce mouvement mondial qui libère la parole des femmes, ne se retourne pas, dans le cas de figure, contre celles qui y participent.
Il faudra y veiller.
Courrier des lecteurs, Tribune de Genève, 14 novembre 2017